marcher une fin d'après midi d'automne - 19/11/2016

Je marche, je marche, je marche, je me branche, pas à pas, à mes sensations, j'observe ma respiration qui s'amplifie, je remarque le chant des oiseaux, les petits cailloux pointus se distinguent sous mes pieds, je note le toc toc des pics verts qui raisonne, je renifle les odeurs de champignons, d'humus, de bois humide, de terre, de feuilles mortes, je ressens la brise sur ma joue gauche (oui ce soir le vent soufflait sur ma joue gauche portant mon attention à la différence de sensation entre la joue droite, à l'abri, et la joue gauche, exposée. D'ailleurs comment le corps en étroite association avec le cerveau, parvient-il à finement faire réagir de 2 façons différentes et au même moment la joue droite et la joue gauche, nous sommes une sacrée horlogerie de précision tout de même, et sans qu'on l'ait décidé ?! Bref).

Je croise des solitaires comme moi, des couples, des familles avec vélo et poussettes, des petits groupes de marcheurs, des chiens. Je les salue, certains répondront d'un sourire, d'autres d'un bonjour, d'autres baissent les yeux sans rien dire. Mes préférés sont les couples d'un "certain âge" qui se tiennent par la main avec une forme de chaleur, de bienveillance et d'attention qui m'émeuvent et me donnent le sourire à chaque fois. Il se dégage de leurs mains unies le message d'un amour confiant, partagé, respectueux, résistant aux épreuves, grand, très grand, plus grand que chacun d'eux.

Quel feu d'artifice de couleurs : tous les dégradés de vert, orangé, jaune, marron, rouge, brun, noir et toutes les nuances qui viennent s'immicer entre elles.

J'observe les arbres que je croise : droits comme des I, tordus comme des S, cabossés du sol à la cime, envahis par le lierre ou lisses comme des vers, je les salue eux aussi en mon fort intérieur car je sens leur présence et ils sentent la mienne, la notre. Il arrive un moment de mon parcours où je suis seule, le soleil vient juste de se coucher derrière le Mont Vallier au loin. Je suis seule, je ne croise plus personne, je suis la seule humaine. Car autour de moi, les arbres, l'eau, les feuilles, les oiseaux, les insectes et tout ce que je ne vois pas ni n'entends, me comblent de leur présence vivante.

Et si tout ce qui est SIMPLE était aussi ce qu'il y a de plus PUISSANT, un peu comme ma joue droite, à l'abri du vent, et ma joue gauche, exposée, qui ne ressentent pas la même chose au même moment ?


Gribouille

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